Le mouvement ATD Quart Monde travaille à réaliser cette « utopie » au niveau national depuis plus de quatre ans : car le chômage de longue durée est intolérable dans un pays développé comme le nôtre, car personne ne doit être considéré comme inutile à la société, car le travail est un droit inscrit dans notre Constitution, car de nombreux services socialement utiles ne sont pas rendus étant non économiquement rentables... Or si l’on part de la ressource humaine que représentent les demandeurs d’emploi et si l’on mobilise tous les acteurs d’un territoire, on devrait pouvoir éradiquer ce fléau. ATD a fait chiffrer le coût du chômage de longue durée par personne, c’est environ 16 000 euros par an. L’idée et la proposition d’ATD est de transformer ce coût social en versement d’un salaire à durée indéterminée, à temps plein ou à temps choisi pour effectuer un travail utile. Sur la base de cette analyse, le mouvement ATD a préparé une loi d’expérimentation sociale soumise au Parlement, qui a voté, à l’unanimité en février dernier, le principe d’expérimenter ce projet sur dix sites en France. Ceux-ci seront choisis en septembre 2016 sur la base d’un cahier des charges agréé par le ministère du travail.

Pourquoi l’Ardes s’est elle engagée dans ce projet à Colombelles ?
Depuis sa création, l’Ardes s’efforce de soutenir le développement de services solidaires, créant de l’emploi de qualité et durable. Réduire les inégalités, partager les richesses (dont le travail fait partie), réfléchir au devenir de l’emploi au sein d’économies de plus en plus soumises à l’économie numérique et à l’automatisation font partie de nos combats. Il nous a semblé que la proposition d’ATD fournissait un cadre pour explorer de nouvelles pistes en cohérence avec nos valeurs et nos objectifs. Nous avons pensé que la ville de Colombelles pouvait être un territoire d’expérimentation, compte tenu de son histoire industrielle, de son taux très élevé de chômeurs, de l’importance des ménages en dessous du seuil de pauvreté, mais aussi paradoxalement, de sa vitalité économique. L’Ardes a donc rencontré les élus de Colombelles qui, après un débat au sein du Conseil municipal, ont adopté le projet à l’unanimité. Reste à associer l’ensemble des acteurs économiques, les associations, les demandeurs d’emploi et les institutions sociales. Fin avril, plus de 70 chômeurs de longue durée sont venus s’informer et, aussi, faire des propositions. Car c’est aussi la méthode qui a incité l’Ardes à se lancer dans un tel défi : il s’agit de mettre les personnes privées d’emploi au cœur de la démarche. Elles sont invitées, à partir de leurs compétences, de leur capacité à analyser les manques de services utiles dans la ville, à construire ceux-ci, accompagnés des habitants. Dans le même temps, si nous mettons en œuvre une démarche d’évaluation quantitative mais aussi qualitative, nous aurons matière à réflexion pour penser l’avenir du travail et de l’activité dans notre société. Ceux qui réfléchissent au revenu de base, au partage du travail, au comment créer de l’emploi dans une société sans croissance, seront sollicités pour suivre cette démarche. L’Ardes, au côté de la Ville, de la cellule emploi qui a élargi sa mission et ses moyens, met actuellement tout en œuvre pour faire en sorte que le territoire soit retenu pour la première expérimentation et bien sûr, atteindre l’objectif, au terme des trois prochaines années, de zéro chômeur longue durée.

Pour en savoir plus contacter l’ARDES
Association Régionale pour le Développement de l’Économie Solidaire
Maison des Solidarités - 51 quai de Juillet - 14000 CAEN
02 31 82 43 91 - www.ardes.org