Le MES France a créé avec ses adhérent·es (MES Occitanie, MIRAMAP, UFISC, PES 21, APES-HdF et Collectif des Associations Citoyennes) une formation-action sur le thème des gouvernances collectives. Les 5 premières sessions ont réuni des profils très divers (salarié·es et bénévoles actifs et ou administrateur·ices, porteur·ses de projets, personnes en reconversion / bifurcation) qui toutes avaient un désir fort et ou une implication dans un projet collectif, ou encore un engagement dans des actions de changements sociétaux. Leurs contributions, pétries de leurs expériences plus ou moins longues de gouvernances plus ou moins collectives, ont permis de co-construire un module de formation de base et le début d’un référentiel, qui allie création de ressources et pratique d’outils.
Si vous souhaitez améliorer vos pratiques en matière de gouvernance collective, inscrivez-vous à la prochaine session du module de base qui aura lieu le 11 et 12 juin 2024 : https://www.le-mes.org/Formation-Go...
Nous y travaillons l’articulation du JE au NOUS, tant cette pratique de mener un projet à plusieurs met à l’épreuve nos modèles de communication, où nous espérons toujours être plus créatifs et plus agiles face au changement tout en restant performants, productifs, mobilisés et pertinents... Peut-on vraiment être tout cela à la fois ? Dans le respect de chacun·e ? Peut-on choisir sans renoncer à l’intégrité du groupe ?
En travaillant ensemble, nos systèmes réactionnels (nos émotions) sont fortement sollicités, puisque ce sont nos outils principaux de communication avec les autres. Charge à chacun·e alors, d’apprendre à se connaître soi-même, avec indulgence et bienveillance, pour se donner les moyens d’observer, de comprendre, voire d’infléchir ses propres réactions pour fonctionner ensemble. Plus facile à dire qu’à faire… Nous vivons généralement ces processus de manière inconsciente parce qu’il est difficile d’agir avec plusieurs niveaux de conscience : faire avec l’extérieur (les autres et notre environnement) et simultanément s’observer intérieurement avec patience et nuance.
Le plus souvent, nous avons appris, dans nos processus de sociabilisation (à l’école, en famille, dans le réseau amical et ou en situation de travail…) à expédier nos états d’âmes en nous concentrant sur le résultat.
Quand nos émotions nous donnent de l’énergie (toutes les nuances de la joie et dans une moindre mesure certaines dimensions de la colère : se sentir courageux·se, enthousiaste, détendu·e, confiant·e, excité·e, indigné·e, énervé·e, agité·e…), nous en profitons sans vergogne et sans nous en apercevoir. Et souvent, nous partageons cette énergie avec générosité. Ce sont bien ces émotions individuelles qui façonnent et alimentent les dynamiques de groupe, y compris dans nos organisations.
En revanche, quand nos émotions nous freinent : les différentes facettes de la peur, de la tristesse et certaines de la colère (anéanti.e, crevé.e, découragé.e, désorienté.e, confus.e, déstabilisé.e, méfiant.e, paniqué.e, …), nous avons souvent honte de nous, sans même nous en rendre compte et ne sommes plus disponibles au collectif et aux relations qu’il nous procure. Plombé.e, nous n’avons plus d’énergie, nous nous sentons inefficaces et cherchons désespérément des solutions, ou à comprendre ce qui nous arrive et là, souvent, face à la difficulté de s’observer avec bienveillance, surtout lorsqu’on à dépassé le stade de l’ouverture, nous nous effaçons ou créons des complications. Comme dit Sartre : « L’enfer, c’est les autres ». Là, c’est souvent l’effet de miroir qui nous fait réagir, le plus souvent tout à fait inconsciemment : il suffit que notre interlocuteur apparaisse, par un comportement ou un trait de caractère, à l’endroit où nous n’aimons pas nous voir pour que cela réactive chez nous quelques chose de douloureux. Et alors, sans nous rendre compte que c’est cet effet de miroir qui nous irrite souvent plus que le comportement lui-même, nous déchargeons notre énergie négative en lui plaquant la responsabilité de notre énervement (que nous passions à l’acte ou pas).
Ainsi, les effets de miroir, propices au travail sur soi quand on les observe, sont aussi des pièges relationnels, qui nous permettent souvent de nous dédouaner d’aller regarder du côté de nos biais cognitifs, nos vieilles blessures, nos marges de progrès, nos conflits intérieurs qui sont souvent réactivés par les conflits que nous vivons dans les collectifs…
Le conflit intérieur est aussi un grand impenser de notre société qui reconnaît plus facilement les comportements rationnels que ceux qui font apparaître des zones d’incertitudes ou des symptômes de dysfonctionnements. Qu’est-ce qu’un conflit intérieur ? Une tension entre quoi et quoi ? Entre qui et qui ? Sommes-nous plusieurs à l’intérieur d’un même individu ? La plupart des courants de penser, de psychologie et de spiritualité, reconnaissent en effet que nous avons plusieurs parts qui cohabitent à l’intérieur de nous-mêmes et qu’elles peuvent entrer en conflit. Par exemple, comme La Fontaine le montre si bien dans La Cigale et la fourmi, nous sommes souvent confrontés aux tensions entre la part de nous qui VEUT FAIRE quelque chose (l’envie, le désir, l’élan dans l’instant présent…) et celle qui nous dit ce que nous DEVONS FAIRE (pour assurer notre avenir, notre intégration sociale, nos projets). Un autre éclairage de nos relations est alors d’observer nos désordres intérieurs.
Nombre d’entre nous en sont de plus en plus conscients : apprendre à se connaître est nécessaire à la coopération. Prendre soin de soi et des autres ne sont pas 2 approches contradictoires bien au contraire, elles sont complémentaires et souvent indissociables. Cela peut sembler contre intuitif dans notre culture rhétorique de réflexion binaire, mais il semble qu’apprendre à respecter les autres passe par apprendre à se respecter soi-même.
Ces quelques lignes de conduites peuvent paraître évidentes mais se heurtent bien souvent à un manque de conscience et de pratique en conscience. Notre culte du résultat, de la performance, et de la compétition, en cultivant des moteurs à explosion comme l’orgueil, la comparaison, l’auto-évaluation, le dépassement de soi (...), mettent à mal le droit à l’échec et le fonctionnement humain d’apprentissage par petits pas et essais-erreurs. Il n’y a qu’à regarder un petit d’homme apprendre à marcher et à parler pour s’en convaincre.
En effet, la confiance en soi et en l’autre, nécessaire à la coopération est souvent détournée, abîmée par nos réactions de défenses, nos stratégies d’anticipation et de contrôle, les injonctions et jugements incessants qui les accompagnent (« Attention, ça va mal se passer ! » « Y’a qu’à… Faut qu’on… », « tu devrais... »). Au risque parfois de céder à l’évitement « cela ne m’intéresse pas », voire aux découragement, « Ah ben voila, c’est raté maintenant ! », « ce n’est plus la peine » qui protègent en quelque sorte notre intégrité et nous évite des risques cognitifs plus ou moins puissants, comme l’irritabilité, l’anxiété, l’insomnie, le burn-out...
Malgré toutes ces failles et impensés dans notre culture collective, nous construisons partout des méthodes et outils de fonctionnements pour coopérer et faire ensemble. Cette formation action souhaite créer un espace de collecte, de synthèse et si possible de réflexion pour prendre du recul ensemble sur nos gouvernances collectives.
Alors, sans prétention de résultat miraculeux, cette formation sur les gouvernances collectives poursuit un double objectif :
Sensibiliser les participant·es au principe selon lequel contribuer à des gouvernances collectives passe par observer et travailler sa gouvernance intérieure :
- Tête/penser, cœur/émotions ; corps/action,
- Reconnaître son enfant intérieur, mais aussi ses « parents intérieurs » et leur permettre de grandir
- S’observer avec bienveillance et s’exercer en pratique à réagir de différentes manières
Mettre à plat les pratiques de gouvernances collectives dans nos organisations et s’appuyer sur ces faits pour coconstruire un référentiel commun de gouvernance collective :
- Coconstruire un référentiel avec les pratiques de nos organisations
- Vivre une situation de gouvernance collective : en participant à une communauté ayant un objectif commun qui compte, les participant·es pratiquent différents outils de gouvernance
- Au fil des sessions, les participant·es des différentes "promo" peuvent s’ils ou elles le souhaitent intégrer la communauté du référentiel qui travaille à sa propre inclusivité
- Tou·tes ensemble, nous échafaudons progressivement un référentiel partagé.
Pour cela, la formation est l’occasion de créer un espace sécurisant, le plus souvent détendu, concret et créatif, pour échanger sur nos pratiques, s’accompagner les un·es et les autres sur ce chemin escarpé du changement de soi et de notre environnement, et co-construire des outils pour se redonner collectivement du pouvoir d’agir.
La communauté apprenante est ouverte et voudrait se réunir 2 fois par an. A chaque session, nous prenons soin le premier jour, d’accueillir les nouveaux membres, de prendre le temps de l’interconnaissance, de leur présenter et faire vivre nos modes de fonctionnement et de leur présenter le chemin parcouru. Les 2 jours suivants, nous enrichissons les différentes dimensions du futur référentiel par les pratiques des nouvelles recrues, et pratiquons par le chemin de décision que nous expérimentons, des modalités de gouvernance. Une place est faite à la possibilité de faire évoluer les règles et les éléments préalablement établis.
Si cet état d’esprit et ces pistes de travail vous parlent , vous pouvez encore vous inscrire à la prochaine session et ou sur la liste des personnes intéressées, pour que nous puissions vous contacter pour fixer les dates de la prochaine session.