Décembre 2005
Les carences de l’Etat peu à même d’assurer totalement sa fonction sociale ainsi que sa fonction d’impulsion de l’économie, la logique de prédation du capitalisme qui ne cherche qu’à maximiser ses profits, ont conduit à une forme entrepreneuriale porteuse de développement local : les entrepreneurs solidaires.
Ces entrepreneurs prennent en compte directement dans leur activité des paramètres souvent ignorés par les entreprises classiques, tels que l’impact de leur activité sur leur environnement (respect des écosystèmes, économies d’énergie, recyclage permanent... ), les effets sur le territoire, le respect des droits sociaux, la qualité relationnelle au sein de l’entreprise...
Répondant à une demande sociale, souvent non satisfaite, par l’invention de nouveaux services, leur but est de contribuer au renforcement de la cohésion sociale sur leur territoire au travers d’activités économiques.
Ces entrepreneurs qu’ils soient dans une dynamique collective ou porteurs d’un projet individuel, ont toujours à la base de leur projet la volonté de créer une initiative qui a du sens, aussi bien pour eux que pour la « collectivité ». Leur objectif est de partager avec d’autres leurs compétences professionnelles ou personnelles, leur connaissance d’un milieu, d’un public, d’une technique... Leur souhait est que leur action permette d’apporter une amélioration de la qualité de vie d’un groupe d’individus, ou d’instaurer des modes d’échange économique plus justes ou « plus logiques ».
Souvent portés à l’origine par des entrepreneurs individuels à la recherche de la création de leur propre emploi, ces projets adoptent souvent une démarche collective, dans leur phase de montage. L’entrepreneur solidaire met en jeu, à un moment ou à un autre, un groupe organisé, une négociation collective ou communautaire dans la façon de développer son projet.
Car une des particularités de l’économie solidaire est d’associer, dans le cadre d’un projet collectif, prestataires, usagers et citoyens afin de contribuer à une initiative d’intérêt général.
Les créateurs de ces entreprises sont animés d’un esprit d’initiative spécifique et de motivations autres que la recherche du profit.
L’économie solidaire recherche une hybridation des ressources ( marchande, non marchande, non monétaire ) et propose d’autres manières de vivre son territoire, où l’économie retrouve sa juste place : au service de l’homme. Que ce soit par leur forme, coopérative ou associative, ou par leur objet social, les entreprises de l’économie solidaire sont dans une logique de développement durable et de citoyenneté économique. Elles ne visent pas le profit mais le développement solidaire des territoires et l’épanouissement des individus et de la collectivité. Elles poursuivent la réalisation d’objectifs à utilité sociale et/ou sociétale. Cohésion territoriale, solidarité, projet collectif, telles sont les valeurs de cette démarche entrepreneuriale en plein essor.
Il s’agit d’une économie civique au sens où elle s’appuie sur une volonté de justice sociale à travers l’action d’entrepreneurs.
Cependant, les entrepreneurs de l’économie solidaire agissent par pragmatisme, ils veulent d’abord créer une activité qui leur permette de vivre convenablement et qui soit conforme avec leurs valeurs, leur idée de la société, et qui matérialise un engagement citoyen.
Si depuis longtemps les créations d’entreprises d’économie solidaire se pratiquent grâce aux statuts associatifs et coopératifs, il existe aujourd’hui, grâce à la Société coopérative d’intérêt collectif, issue de la loi du 17 juillet 2001, un nouveau statut qui permet d’entreprendre en faisant le choix d’une gestion participative, de la non lucrativité, de la recherche de l’intérêt général, du contrôle interne et externe, du multisociétariat.
Mais si ce type de statuts permet de concrétiser une activité économique solidaire, il ne faut pas pour autant négliger que des entrepreneurs de l’économie « classique » peuvent avoir des pratiques de l’économie solidaire. Il ne faut pas non plus négliger la capacité d’individus à se regrouper autour d’activités sociales certes informelles mais ayant une forte dimension économique, souvent difficiles à comptabiliser car elle sont non monétaires : échange de services, troc, monnaies sociales, mutualisations...
Pour l’Apeas,
Fabrice Sanchez, Aurélien Delsol, Bruno Lasnier