Le développement de l’économie solidaire, depuis le début des années 80 fut le fait des acteurs agissant dans des domaines spécialisés : services de proximité, finances et épargne solidaire, commerce équitable etc..Emergèrent alors de multiples initiatives dans le champ des services qui étaient des réponses aux problèmes liés à la désertification des zones rurales, à la montée du chômage et aux nouvelles attentes des populations, à la demande croissante des femmes de participer à la vie économique, à la demande de nouveaux services liés aux évolutions démographiques, à la sensibilité croissante aux questions environnementales, les promoteurs de ces démarches ont cherché de façon sectorielle, par filière, à interpeller des politiques publiques.
Puis à partir de 1997, au moment où fut publié l’appel pour un développement solidaire à l’initiative d’une vingtaine de réseaux qui se reconnaissaient dans cette façon de faire société, qu’est l’économie solidaire, le souci fut d’interpeller le gouvernement Jospin, dans une démarche de reconnaissance de l’apport des pratiques d’économie solidaire pour faire face à une société de plus en plus inégalitaire du fait de l’emprise de plus en plus grande des seules régulations marchandes dans les échanges entre les humains.C’est ainsi que fut créé l’inter réseau qui au delà de cet objectif politique, permit de rendre plus visible et peut-être plus compréhensible aux yeux de l’opinion publique ce qu’était l’économie solidaire ; mais cette construction a peiné à développer des actions transversales qui sont pourtant au cœur du développement solidaire : les finances solidaires peinent à rencontrer les porteurs de projets, les actions d’insertion croisent peu les entreprises solidaires du fait de la difficile rencontre entre logiques de publics prioritaires avec les logiques de projets ; les rencontres entre le développement du commerce équitable avec les essais d’organisation d’un commerce local qui relient réflexion sur les conditions de production et le comportement des consommateurs sont encore rares. Très vite les acteurs de l’inter-réseaux ont compris que c’était au niveau du territoire, au niveau local que pouvaient se vivre ces échanges transversaux susceptibles de dessiner de nouveaux modèles de développement.
Ainsi lors de la création du MES à Lille en Mars 2002, les acteurs qui ont contribué à cette refondation se sont donnés comme objectif prioritaire de favoriser la restructuration régionale ou territoriale des acteurs, le souhait de construire un « mouvement » passant par cette capacité à mettre en liens au niveau local les acteurs de l ’économie solidaire.
Pour attendre cet objectif, le MES proposa de s ’engager dans un travail de repérage, et de compréhension de ce qui se construit aujourd’hui sur les territoires et sollicita la Fondation de France pour le soutenir dans cette démarche susceptible de rendre plus visible et lisible l ’économie solidaire.
Fort de ce soutien, le MES a confié à l ’ARDES, une des associations régionales qui répond à ce souci de structurer au plan territorial les acteurs depuis 1995, le soin d ’enquêter, interroger à partir des informations qu ’ont pu fournir les réseaux adhérents du MES, mais surtout, une collecte d ’informations recueillies dans les revues qui annoncent des évènements à l ’initiative d ’acteurs de l ’économie solidaire (Alternatives économiques, Politis, Territoires figurent parmi les revues qui rendent le mieux compte de cette activité)
Après de nombreux échanges téléphoniques, un questionnaire a été élaboré, centré essentiellement sur la description et le fonctionnement de ces structures, un travail reste à faire sur une meilleure appréciation de leur rôle politique et leur positionnement vis à vis des syndicats, des conseils de développement, des intercommunalités, des universités …